Valeo : les salariés réunis en AG refusent « l’accord de performance » proposé par la direction

Grilles d'entrée de Valeo

Avant les congés d’été, la direction du groupe Valeo a annoncé son intention de lancer des négociations en vue d’obtenir plusieurs accords, dont un accord de performance collective et un accord de compétitivité. Willy Duval, secrétaire de la section syndicale FO de Valeo et du syndicat FO des métaux d’Angers a répondu à nos questions.

Peux-tu nous présenter succinctement le groupe Valeo ?

Valeo emploie 114 000 salariés dans le monde, 14 000 en France. À Angers, nous sommes 1200 salariés en CDI, plus une centaine d’intérimaires.

Valeo dégage des profits conséquents : 300 millions d’euros de dividendes ont été distribués en 2019 et encore 50 millions en juillet de cette année.

Comment dans ces conditions la direction justifie-t-elle le lancement d’un accord de performance collective ?

Prenant prétexte des conséquences de la crise sanitaire, la direction agite le chantage à l’emploi. Elle veut réduire les coûts salariaux de 100 millions d’euros par an. Pour ce faire, elle déclare que tout doit être mis sur la table « sans tabou », rémunération, temps de travail, acquis sociaux. Pour reprendre ses propos, sa priorité reste le « cash ».

Il s’agit donc de redonner au plus vite un niveau de dividendes aux actionnaires égal à celui des années précédentes.

Quelle est la position de ta section syndicale ?

Ma section syndicale a pris position contre toute remise en cause des droits des salariés. Dans une déclaration distribuée sur le site, nous réaffirmons nos revendications : augmentation générale des salaires, maintien de la prime d’intéressement et de participation, non à la dégradation des conditions de travail et notamment du temps de travail, respect des accords et des conventions collectives en vigueur.

Où en sont les négociations ?

Les propositions de la direction sont inacceptables : gel des salaires pour plusieurs années, gel de l’intéressement, suppression du 2 jours d’ancienneté, suppression ou suspension de la prime de progrès qui peut aller jusqu’à 140 euros mensuels à Angers, baisse de salaire des cadres de 3 % pendant 6 mois avec ajout de 3 jours travaillés dans leur forfait annuel, recours à l’APLD (chômage partiel de longue durée), mais sans maintien des 100 % du salaire en cas d’activité partielle pour les cadres, pour ne citer que les principales.

Que disent les salariés de ton usine ?

Il y a un très fort mécontentement aujourd’hui. Déjà en 2016, les salariés des ateliers s’étaient mobilisés massivement à près de 90 % à l’appel de FO et de la CGT pour faire échec au plan de compétitivité de la direction ; plan qui prévoyait un allongement du temps de présence considérable, jusqu’à un mois par an dans certains cas. Cette année encore, les salariés sont décidés à ne pas se laisser faire.

Quelles initiatives avez-vous prises ?

Dans notre déclaration diffusée à tout le personnel, nous avions indiqué que nous étions prêts à l’action commune avec les autres organisations syndicales du site pour organiser une assemblée générale afin que les salariés puissent manifester leur désaccord avec toute remise en cause de leurs droits et le cas échéant décider des actions à mener pour faire reculer la direction.

Nous avons donc rencontré la section syndicale CGT de l’entreprise et nous avons, ensemble appelé à des assemblées générales le jeudi 10 et le vendredi 11, pour que toutes les équipes puissent se réunir (l’usine fonction en 3 fois huit et en équipes de week-end — NDLR).

La très grande majorité des salariés de la production se sont retrouvés dans ces AG et ont voté à l’unanimité le rejet du plan patronal.

Ils ont décidé de se retrouver assemblées générales le jour de la tenue de la prochaine réunion de négociation et d’informer l’ensemble des usines du groupe de la tenue de ces AG et de leurs décisions.